COMMENT REPONDRE A L'HOMOPHOBIE ?
L'homophobie est le préservatif de la virilité
Définition : phobie, peur de l'homosexualité ; par extension, rejet de l'homosexualité, hostilité et aversion envers les homosexuels.
Altérité (voir aussi Narcissisme et Rejet de la différence) : la relation homosexuelle serait narcissique, marquerait un manque d'ouverture et serait finalement un refus de l'Autre.
Il est facile de répondre à cet argument : il y a en effet des différences plus fondamentales que le sexe et aimer quelqu'un du même sexe n'est pas aimer sa copie ; l'Autre n'est pas sexué. C'est au contraire méconnaître la grande mixité sociale règnant chez les homosexuels.
Les personnes qui présentent ainsi l'homosexualité ont en fait peur des homosexuels parce qu'ils sont différents d'elles : c'est l'homophobie qui est la peur de l'Autre.
Anormal (voir aussi Contre-nature) : l'homosexualité est aussi présentée comme un comportement anormal, encore faudrait-il préciser ce que signifie l'idée de norme.
– vis-à-vis de la norme sociale : les homosexuels sont minoritaires par rapport aux hétérosexuels dans la société ; mais en quoi cela pose-t-il un problème ? Pourquoi faudrait-il suivre un modèle imposé ? Le nombre n'est pas un critère valable et acceptable ; suivre la majorité parce que c'est la majorité, c'est tout simplement du conformisme.
– vis-à-vis de la norme naturelle : voir Contre-nature.
– vis-vis de la norme morale : chacun dispose librement de son corps, tant qu'il ne nuit pas à autrui.
Bref, plus qu'anormale, l'homosexualité est surtout inhabituelle.
Anthropologie (voir aussi Contre-nature) : l'ordre anthroplogique n'est autre chose que l'ordre naturel, c'est-à-dire l'ordre voulu par Dieu. Ce tour de passe-passe ne trompe personne.
Bible : (voir aussi Christ, Diabolique, Religion et Sodom(i)(t)e) : on ressort souvent le Lévitique : " Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme " et on l'interprète comme une condamnation de l'homosexualité, ce qui est d'une mauvaise foi absolue puisqu'il suffit de savoir lire pour constater qu'il ne s'agit que d'une condamnation des relations sexuelles (= la sodomie) et non de l'homosexualité qui est loin de s'y réduire, nuance...
La Bible ne raconte-t-elle pas d'ailleurs de manière très positive les amours de David & Jonathan (Samuel : XIX-XXIII) ? " Que j'ai de peine pour toi, Jonathan, mon frère. Tu faisais tout mon plaisir. Ton amour pour moi était une merveille plus belle que l'amour des femmes " (Samuel : I-26).
Ceux qui mettent tant de ferveur à condamner l’homosexualité devraient également expliquer la Loi de Dieu et prodiguer leurs conseils avisés sur les points suivants :
– par exemple, pour qui souhaite vendre sa fille comme servante, tel qu’indiqué dans le Livre de l’Exode (chapitre 21, verset 7), comment s’y prendre et quel est le meilleur prix ?
– sachant que l’on peut posséder des esclaves – hommes ou femmes – à condition qu’ils soient achetés dans des nations voisines (Lévitique, chapitre 25, verset 44), est-ce aussi applicable aux Belges ou aux Canadiens qui parlent pourtant la même langue que nous ?
– comment peut-on savoir si une femme a ses règles, de façon à respecter l’interdiction de toucher une femme durant sa période menstruelle (Lévitique, chapitre 18, verset 19) ? Doit-on poser la question à chacune de ses voisines à l’heure de pointe dans le métro ?
– sachant que L’Exode dit clairement que toute personne qui travaille le samedi doit être condamnée à mort (chapitre 35, verset 2), quel est le type d’exécution recommandé ?
– nul ne pouvant approcher de l’autel de Dieu s’il a des problèmes de vue (Lévitique, chapitre 21, verset 18), qu’en est-il de ceux qui portent des lunettes ? A partir de quel seuil d’acuité visuelle doit-on être interdit d’accès ? Faut-il absolument avoir 100 % à chaque oeil ?
– que faire de ceux qui plantent deux types de culture différente dans le même champ ou qui portent des vêtements faits de différents tissus, coton et polyester par exemple (Lévitique, chapitre 19, verset 19) ? Faut-il réunir tous les habitants du village pour les lapider, comme le prescrit le Lévitique (chapitre 24, versets 10 à 16) ou faut-il plutôt les brûler vifs au cours d’une réunion familiale privée, comme prescrit pour ceux qui dorment avec des parents proches, tel qu’indiqué au chapitre 20, verset 14 ?
Christ (voir aussi Bible, Diabolique, Religion et Sodom(i)(t)e) : Jésus n'a jamais parlé d'homosexualité ni ne l'a – a fortiori – condamnée. Tous les théologiens le savent.
Tout discours rejetant l'homosexualité sous couvert chrétien n'est donc en réalité tout au plus qu'un point de vue biblique. Le message chrétien à toujours été un message d'amour, d'accueil et d'ouverture aux autres et jamais un message de rejet, d'accusation ou de mépris.
Choix : les homosexuels n'auraient pas à se plaindre, s'ils n'avaient pas choisi d'être homosexuels. Ou, version tolérante : " On respecte ton choix ". Mais l'homosexualité n'est pas un choix ! De même qu'on ne choisit pas d'être hétérosexuel, de même on ne choisit pas non plus d'être homosexuel. Qui choisirait volontairement d'ailleurs un style de vie si ouvertement rejeté par une partie de la société ? On ne peut pas précisément dire que c'est à la mode avec l'homophobie ambiante ! Le seul choix auquel l'homosexuel se retrouve en réalité confronté est celui d'accepter ou de refuser de vivre son orientation sexuelle, d'assumer ou pas ses désirs vers le même sexe : cela seul relève de sa liberté...
Contre la famille (voir aussi Parentalité) : quand on voit la peine, la difficulté et les craintes qu'ont la plupart des homosexuels à révéler – et non à avouer (ce n'est pas un crime) – leur homosexualité à leur famille de peur de la faire souffrir, quand on voit les parents – de plus en plus rares heureusement – qui rejettent leur enfant et son compagnon, on comprend mal comment on peut proférer ce genre d'âneries ; les homosexuels aiment leur famille, c'est le plus souvent la famille qui rejette l'homosexuel que l'inverse.
Il ne faut pas non plus oublier que beaucoup d'homosexuels souhaiteraient fonder une famille. On ne peut pas vouloir les en empêcher et, en même temps, leur reprocher d'être contre la famille. Homosexualité et famille ne peuvent donc pas être opposées : ainsi, le PaCS ne dérange qu'une certaine idée – dogmatique – de la famille (le modèle traditionnel, alors que celle-ci a évolué comme le montrent par exemple les modèles de famille monoparentale ou recomposée), et l'on ne peut pas faire le reproche aux homosexuels qui demandent les mêmes droits de vouloir nuire aux droits des autres.
Contre-nature : l'homosexualité est souvent accusée d'être contre-nature. Que signifie " contre-nature " ? Il y a deux acceptions bien distinctes : d'une part, ce qui n'est pas naturel ; d'autre part, ce qui est opposé à la nature.
– ce qui n'est pas naturel : l'homosexualité se retrouve pourtant dans la nature, chez les animaux qui – eux aussi – ont des relations sexuelles avec des congénères de même sexe (cf. Corydon de Gide) ; cet argument n'a donc aucune valeur.
– ce qui est opposé à la nature : plus intéressante et réfléchie est, à mon sens, la remarque selon laquelle l'homosexualité va à l'encontre du principe de finalité naturelle. C'est juste, en effet. Mais le principe de finalité naturelle n'est pas un critère valable et acceptable, car la loi de la nature est aussi la loi de la jungle (c'est la loi du plus fort, par exemple) : en aucun cas l'homme ne saurait donc s'aligner sur la loi de la nature (ce qui fait sa grandeur est précisément de s'en affranchir) ; l'homme est au contraire un être de culture : " L'homosexualité, l'art et, plus généralement, la culture sont, par essence, contre-nature ".
Toutes ces considérations prouvent bien que " contre-nature " ne signifie pas grand chose et ne permet pas de porter le moindre jugement de valeur, d'acceptation ou de rejet des actes suivant qu'ils apparaissent ainsi ou non.
Diabolique (voir aussi Bible, Christ, Religion et Sodom(i)(t)e) : l'homosexualité ne parle pas seulement de sexe et de sexualité, mais aussi et surtout d'amour. Est-il besoin d'en dire plus ?
Dégénéré : Léonard de Vinci était donc un dégénéré, tout comme Michel-Ange, Le Caravage ou Shakespeare pour ne citer qu'eux (voir ici les autres). Avouez qu'il aurait tout de même été dommage de se priver de ces pervers et ces dégénérés et que l'histoire humaine aurait sans doute été moins riche sans eux...
Droit à l'enfant / de l’enfant (voir aussi Parentalité) : on oppose souvent dans une rhétorique nauséabonde droit à l’enfant et droit de l’enfant, mais pourquoi les deux s’opposeraient-ils ? Vouloir un enfant ne s’oppose pas à l’intérêt de cet enfant et pourquoi les homosexuels qui désirent des enfants, comme les hétérosexuels peuvent aussi désirer des enfants, sont-ils les seuls à se le voir reprocher ? Autrement dit, le désir d'enfant des hétérosexuels est légitime, alors que celui des homosexuels serait forcément illégitime : c'est pourtant le même désir. Les homosexuels qui veulent des enfants seraient donc égoïstes (droit à l'enfant) ; les hétérosexuels qui veulent des enfants sont altruistes (droit des enfants). Pire : si les homosexuels ne veulent pas d'enfants, ils sont également présentés comme égoïstes puisqu'ils ne vivent alors que pour eux-mêmes...
Efféminé (voir aussi Virilité) : on reproche parfois aux homosexuels d'être efféminés. Et en quoi cela serait-il gênant ? Chacun choisit le style qui lui plaît.
Par ailleurs, ce n'est pas pour autant que quelqu'un est moins un homme. Cela relève en fait d'une confusion entre sexe et genre : il faut distinguer le sexe, qui est une donnée biologique, et le genre, qui est une construction sociale. Pourquoi certaines caractéristiques seraient-elles naturellement associées à un sexe et non à l'autre, pourquoi prendre soin de son apparence physique serait-il un défaut chez un homme, par exemple ? La masculinité ne se mesure pas au nombre de bières avalées et de matches de foot fréquentés ! C'est là une représentation stéréotypée et figée des genres qui n'a pas de sens : il n'y a pas de disposition naturelle propre à un sexe, car l'homme est avant tout un être de culture – d’autant plus que ces critères varient suivant les époques. Les standards de la masculinité ont ainsi évolué au cours de l'histoire : Napoléon portait des cheveux longs ; Louis XIV se maquillait, portait une jupe et des chaussures à talons et il pleurait en public parce qu'à l'époque on considérait que c'était bien de montrer qu'on était sensible. Et personne n'a jamais remis en cause leur masculinité !
S'il est vrai que certains homosexuels sont plus ou moins flamboyants, on trouve également l'inverse des homosexuels au style très viril. On peut enfin être efféminé sans être pour autant homosexuel : la virilité exacerbée et obligatoire dans l'affirmation de sa masculinité est aujourd'hui complètement dépassé…
Erreur de la nature : voir Dégénéré.
Expert : psychanalyste, juriste, sociologue, journaliste ou prêtre opposé à l'ouverture du mariage et de la filiation. S'il y est favorable, il s'appelle alors militant, voire activiste...
Fondements anthropologiques de notre culture (voir Ordre symbolique) : notion qui s'utilise quand des cultures voisines ont récemment changé de fondements anthropologiques (les Pays Bas, la Belgique ou l'Espagne qui autorisent le mariage ou l'adoption, par exemple). On constate ici que la notion de fondements anthropologique n'a aucun fondement, si l'on peut dire, aucune pertinence puisqu'on peut en changer : elle n'est donc pas si fondamentale !
Ghetto : nous vivons dans un univers hétérosexuel, avec ses propres codes, ses institutions, comme le mariage, et sa culture, où le prince charmant ne rencontre jamais un autre prince charmant à la fin des contes de fées (parce qu'ils ne pourraient pas avoir d'enfants?). Simplement, on ne prend même plus conscience de cette évidence qui va de soi et qui semble naturelle, parce que c'est la norme, parce que c'est la majorité, parce que les hétérosexuels sont les plus nombreux. Parce que ça a toujours été comme ça.
Le modèle hétérosexuel a donc complètement été intériorisé et l'on ne remarque même plus que les hétérosexuels vivent sans cesse avec d'autres hétérosexuels et qu'ils passent leur temps entre eux ; pourquoi les homosexuels ne pourraient-ils pas faire pareil ? Pourquoi un espace spécifiquement homosexuel poserait-il problème ?
Il est parfaitement naturel que des gens partageant une même sensibilité – en particulier lorsqu'ils sont minoritaires (et rejetés) – veuillent se retrouver et se promener de temps en temps dans un endroit plus accueillant. A Paris, dans Le Marais, personne ne dévisage les homosexuels qui s'embrassent ou se tiennent par la main ; l'existence d'un tel lieu est libératrice pour eux.
Dès lors, on ne peut donc pas parler de ghetto : en quoi un lieu de regroupement volontaire et souvent joyeux comme Le Marais a-t-il quelque chose à voir avec un terme qui fait référence au quartier de Varsovie entouré de barbelés dans lequel les S.S. avaient parqués de force – pendant la Seconde Guerre mondiale – des milliers de juifs ?
Le ghetto ne regroupe pas des gens qui se ressemblent mais – au contraire ! – des gens qui diffèrent de la société. Ce que l'on reproche en fait à un ghetto, c'est d'être différent – c'est d'être minoritaire. C'est de rendre visible l'homosexualité.
Handicap : l'homosexualité serait un handicap et rendrait malheureux ; il est vrai que ça n'est pas toujours facile à vivre, ce n'est cependant pas l'homosexualité en elle-même qui pose problème mais plutôt l'homophobie et l'intolérance.
Une homosexualité assumée et bien vécue est au contraire source d'épanouissement.
Hétérophobie (étymologiquement peur de l'autre, par parallélisme avec homophobie rejet des hétérosexuels) : si le rejet des hétérosexuels est en soi tout aussi condamnable et inacceptable que celui des homosexuels, ce concept est bien souvent le vecteur d'une homophobie déguisée. Camouflé sous un apparent parallélisme avec l'homophobie, ce renversement paradoxal sous-entend insidieusement que les homosexuels chercheraient à opprimer les hétérosexuels, à leur imposer leur style de vie. Il laisse ainsi entendre qu'il existerait une relation symétrique entre hétérosexuels et homosexuels, alors qu'il s'agit au contraire d'une relation fondamentalement déséquilibrée (majoritaire / minoritaire) : à ma connaissance, il n'y a encore jamais eu de déportation d'hétéros, de baston d'hétéros ou de tentative de guérir les hétéros de leur orientation sexuelle... C'est donc un instrument de propagande fondé sur un mensonge : dire que les homosexuels chercheraient à opprimer les hétérosexuels, c'est ça l'homophobie.
Non, refuser l'hétéronormativité ambiante ne revient pas à combattre l'hétérosexualité.
Hétéropride : mouvement d'hétérosexuels qui cherchent à tourner en dérision la gay pride et descendent défiler et manifester dans la rue pour renvendiquer leur fierté d'être hétérosexuels, puisqu'il n'y aurait pas de jour de fête réservé aux hétérosexuels, puisqu'il n'y a pas plus de honte à être hétérosexuel que de fierté à être homosexuel.
L'hétéropride a lieu en réalité 364 jours par an, le reste de l'année étant monopolisé par les défilés gays et lesbiens.
Maladie (voir aussi Sida) : l'homosexualité serait une maladie, bien que l'O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé) l'ait rayée de sa liste dans les années 90...
Pour les uns, l'homosexualité aurait une cause biologique, hormonale ou génétique ; pour d'autres, ce serait dû à l'éducation, à une présence envahissante de la mère et une absence du père. Il y a même des études sur la différence de taille du sexe et de la verge entre homosexuels et hétérosexuels et il paraît que les gays auraient un centimètre de plus en moyenne à cause d'un excès d'hormones.
Cela rappelle la phrénologie qui au début du siècle prétendait prédire qui deviendrait assassin, suivant la forme du crâne. Mais l'homosexualité est un comportement, pas un caractère. Comment peut-on réduire un comportement, une attitude, l'humain aux humeurs ? La sexualité humaine est tellement complexe ! On ne peut pas la réduire aux instincts comme chez les animaux : eux se reproduisent à dates fixes quand ils sont en chaleur, alors que les humains font l'amour et ont des relations sexuelles durant toute l'année... Cela met en jeu le désir, pas l'instinct.
Notons toutefois que l'idée de maladie constitue une sorte de progrès par rapport à l'idée de vice et de perversion, car, si l'homosexualité est une maladie ou une dégénérescence, cela ne conduit en aucun cas à la moindre haine : on ne hait pas les malades, on les soigne. Sauf, précisément, qu'il n'existe aucun traitement efficace... puisque ce n'est pas une maladie !
C'est donc une tentative vouée à l'échec. En réalité, ce genre d'interrogation manifeste bien souvent une homophobie latente : on pose la question parce que ça paraît inhabituel, insolite, parce que l'on trouve cela bizarre ; mais est-ce que l'on s'interroge sur la raison pour laquelle certains préfèrent la viande ou le poisson, les blondes ou les brunes ? On a toujours cherché les assassins, jamais les saints. Comme pour la phrénologie, il y a l'idée de tare derrière. Il faut dénoncer les présupposés idéologiques qui sous-tendent ce discours pseudo objectif. Cela suffit à démonter l'imposture.
Mariage : le mariage républicain est universel, mais son ouverture aux couples homosexuels serait une revendication communautariste. Alors que la République ne reconnait que des citoyens (et non des hommes et des femmes), est-il acceptable que la loi opère des distinctions selon le sexe ou l'orientation sexuelle et exclue donc une partie de la population ? D'un côté, on dénonce d'ailleurs le communautarisme supposé des homosexuels, et, de l'autre, on ironise sur leur volonté de normalisation, quand ils réclament le droit de se marier, comme tout le monde (ou le droit de pouvoir au moins choisir de ne pas se marier, pour ceux qui ne souhaitent pas se marier, car les homosexuels n'ont même pas cette possibilité, même pas le choix).
Mauvais exemple (voir Maladie) : c'est la suite logique de la conception de l'homosexualité comme maladie ; mais l'homosexualité n'est pas un virus et ne se transmet pas. Pourquoi a-t-on peur d'attraper l'homosexualité : est-ce si attrayant ?
L’idée que le fait de fréquenter des homosexuels ou simplement d’en voir puisse rendre homosexuel est absurde, sinon pourquoi y aurait-il des homosexuels alors que nous sommes tous élevés dans une société qui promeut l’hétérosexualité sans même s’en rendre compte et que les homosexuels voient et fréquentent tous les jours des hétérosexuels.
Militantisme (voir aussi Provocation et Vie privée) : il existerait un lobby gay, une franc-maçonnerie rose, un grand complot gay mondial aux desseins les plus noirs (instauration du culte de Madonna et interdiction des caleçons à rayures par exemple). S'il est vrai qu'il existe de nombreuses associations gays qui luttent pour obtenir une meilleure reconnaissance, celles-ci, loin d'être secrètes, oeuvrent au grand jour et, loin de réclamer des avantages catégoriels, revendiquent au contraire l'égalité des droits.
En réalité, les gays souffrent plus d'homophobie qu'ils ne bénéficient de privilèges cachés... C'est pourquoi parler de lobby gay ne sert pas à décrire une stratégie d'intervention mais à la discréditer : personne ne songerait en effet à qualifier à l'inverse les associations de défense de la famille par exemple de lobby hétérosexuel.
Narcissisme (voir aussi Altérité et Rejet de la différence) : l'homosexuel est accusé d'accorder beaucoup d'importance à son apparence physique et d'avoir une salle de bains de nana ; où est le problème ? Les gays ont peut-être une sensibilité plus développée, et alors ?
Le besoin de séduire des homosexuels s'explique d'ailleurs aussi et surtout par le fait qu'il est naturellement d'autant plus grand que les personnes à séduire sont plus rares.
Et puis l'homosexuel soigneux de sa personne n'est probablement pas un cliché, mais on repère évidement plus facilement les homosexuels apprêtés, tandis qu'on ne voit pas les autres – précisément parce qu'ils sont passe-partout.
Ordre symbolique (voir Fondements anthropologiques) : autre manière de dire " naturel ".
Parentalité (voir aussi Contre la famille, Droit de l'enfant et Perte de l'humanité) : on refuse aux homosexuels la possibilité d'adopter des enfants, parce qu'ils ne leur proposeraient pas un modèle structurant, qui supposerait un papa et une maman (vision traditionnelle). Ce genre d'affirmation qui semble aller de soi, être le bon sens même ne repose sur rien, sur aucune justification, sinon l'habitude. Elle ne repose en fait que sur le stéréotype de la famille Ricoré : le papa, la maman, les enfants et le chien ! Evidemment, la réalité est bien différente.
L'enfant, pour un développement équilibré, n'a pas tant besoin d’une maman et d’un papa que d’amour, d’affection et d’attention, ce que deux papas ou deux mamans peuvent donner.
D'ailleurs, toutes les études montrent que cela se passe très bien avec des parents homosexuels et que l'enfant ne devient pas homosexuel (cas qui d'ailleurs ne devrait pas poser problème) ; de plus, de nombreux homosexuels, dans le cadre de couples hétérosexuels, élèvent leurs enfants et sont de très bons parents.
Enfin, dire que l'enfant a besoin de modèles masculins et féminins et de références hétérosexuelles relève en fait d'une vision réductrice : un enfant n’est pas enfermé dans une famille, il va à l’école, regarde la télévision, voit et rencontre des filles et des garçons tous les jours (amis, professeurs etc.).
D’ailleurs, il y a des familles monoparentales et ça ne pose pas de problème. De même, le fait qu'un célibataire puisse adopter un enfant montre bien qu'un seul papa ou qu’une seule maman suffit.
Pédophilie : l'homosexualité serait l'antichambre de la pédophilie ; cet amalgame est insupportable. L'homosexualité est une sexualité libre et consentie, entre adultes, qui n'a rien à voir avec un viol commis sur des enfants sans défense ; l'homosexualité porte sur le sexe du partenaire, la pédophilie sur l'âge de la victime (d'autant plus que la pédophilie est bien souvent hétérosexuelle) : les deux notions n'ont donc rien de commun.
Perte de l'humanité (voir aussi Parentalité et Stérilité) : si tout le monde était homosexuel, ce serait la perte de l'humanité, affirment certains. Sauf qu'être homosexuel n'empêche nullement d'avoir des enfants !
Prosélytisme : si l'on craint que les homosexuels influencent les jeunes et les adolescents, les contaminent en quelque sorte et finalement les détournent du droit chemin, comment explique-t-on et comment se fait-il que les homosexuels – qui ont pourtant été conçus et élevés par des parents hétérosexuels et qui ont grandi dans une société hétérocentrée où c'est toujours un prince charmant qui épouse la princesse dans les contes de fées – comment se fait-il que ces homosexuels ne soient pas eux-mêmes devenus hétérosexuels ? Parce que l'homosexualité serait plus attirante que l'hétérosexualité ? Parce qu'elle serait à la mode malgré l'homophobie ambiante ? Si l'orientation sexuelle ne dépend pas de la pression sociale dans un sens, c'est aussi vrai dans l'autre.
Provocation (voir aussi Vie privée) : combien de fois n'a-t-on pas entendu le discours selon lequel la sexualité est d'ordre privé et qui veut alors qu'elle ne soit pas étalée ; les homosexuels qui s'afficheraient auraient donc tort, d'autant que les hétérosexuels – eux – ne le feraient pas...
Ainsi, un ami, à qui je dois cet argumentaire (coucou, Hugues!), et qui, en début d'année, avait dû se présenter devant la classe et avait révélé son homosexualité, se l'est vu reprocher par une camarade, car celle-ci estimait qu'il n'avait pas à lui imposer cela (il aurait dû avoir honte et se cacher sans doute) : pourtant, qu'y a-t-il de plus essentiel, chez une personne qui se présente, que ceux qu'elle aime ? C'est d'ailleurs la même camarade qui, l'année suivante, parlait à tout le monde avec fierté de son mariage !!
Ce qui est grave, ce n'est pas de revendiquer son homosexualité mais que ce soit encore perçu comme une provocation.
Psychanalyse : Selon Freud, les homosexuels seraient des attardés de l’évolution, dont le développement sexuel a été stoppé en cours de route, sans arriver à s’épanouir dans la monogamie reproductrice. Mais, dans son Anti-Oedipe, Deleuze explique et dénonce la tendance répressive et le caractère normatif caché de la psychanalyse classique (" discours de la norme ") : rien ne permet en effet de considérer tel ou tel stade comme l'étape supérieure d'un processus ; c’est arbitraire. On ne peut donner un sens à une constatation biologique. Il n'y a pas de modèle.
Rejet de la différence (voir aussi Altérité et Narcissisme) : si les homosexuels craignent les femmes, alors les hétérosexuels craignent les hommes !
L'homosexualité – tout comme l'hétérosexualité – n'est pas une orientation sexuelle par défaut, faute de mieux parce que l'on n'arrive pas à désirer les femmes : c'est une attirance positive.
Religion (voir aussi Bible, Christ, Diabolique et Sodom(i)(t)e) : la lecture de la Bible est une interprétation humaine – et donc sujette à caution – de la volonté divine...
Par ailleurs, la morale est indépendante de l'existence de Dieu. L'Eglise catholique a mis 400 ans à reconnaître que la terre était ronde malgré les preuves apportées par Galilée ; elle a soutenu pendant plus longtemps encore que les noirs n'avaient pas d'âme, ni d'ailleurs les femmes auxquelles elle ne donne pas toute leur place au sein du clergé. Comment, dès lors, tout accepter d'une doctrine, sans garder pour soi une certaine liberté de pensée ?
Sida (voir aussi Maladie) : est-il encore besoin de rappeler que le sida n'est pas un " cancer gay " ni une maladie spécifique aux homosexuels et qu'il touche d'ailleurs en majorité les hétérosexuels ?
Sodom(i)(t)e (voir aussi Bible, Christ, Diabolique, Religion et Virilité) : contrairement à une idée reçue, Dieu ne détruit pas Sodome à cause de l'homosexualité de ses habitants. Le crime commis par ceux-ci est d'avoir voulu violer des voyageurs – des anges en l'occurrence – qui passaient par là : " Ils n'étaient pas encore couchés que la maison fut cernée par les hommes de la ville, les gens de Sodome, depuis les jeunes jusqu'aux vieux, tout le peuple sans exception. Ils appelèrent Lot et lui dirent : ''Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit ? Amène-les nous pour que nous en abusions'' " (Genèse : XIX-4).
Ce que l'on associe donc toujours – un peu rapidement – à l'homosexualité n'est autre que le viol et l'abus d'autrui. Le mot " sodomie " est particulièrement mal choisi pour indiquer la pénétration anale qu'il est censé définir. Il faut différencier viol et homosexualité. Ainsi les homosexuels ne peuvent guère être appelés sodomites.
Stérilité : les homsexuels ne pourraient pas avoir d'enfants, entend-on souvent. C'est une affirmation péremptoire qui ne trouve aucune justification : être homosexuel ne rend pas stérile ni n'empêche d'avoir des enfants. S'il est vrai que la procréation ne s'effectue pas dans le cadre d'un couple homosexuel, de nombreux homosexuels ont des enfants, soit dans le cadre d'un couple hétérosexuel (pour les homosexuels mariés), soit par don du sperme (pour les lesbiennes), soit par adoption (même s'il ne s'agit pas alors d'une filiation biologique).
Mais surtout l'accusation de stérilité portée par certains n'a de sens que par rapport à une sexualité à visée reproductrice : personne ne reproche en effet aux baisers ou aux caresses par exemple d'être stériles (car ils n'ont pas pour but la reproduction) ! De même, il n'y a pas de raison de considérer les pratiques homosexuelles comme stériles, sauf à considérer que la sexualité n'a pour but exclusif que la reproduction, comme le fait la morale traditionnelle. Pourtant, qu'on le veuille ou non, n'en déplaise aux tenants de l'ordre traditionnel, la sexualité n'est plus liée aujourd'hui – même chez les hétérosexuels, grâce aux différents moyens de contraception – à la reproduction : elle est devenue avant tout un partage amoureux et une recherche du plaisir... C'est bien ce plaisir pour le plaisir d'ailleurs qui inquiète et heurte encore ceux pour qui le plaisir est forcément suspect et qui suscite chez eux un malaise, un vague remord et un sentiment de culpabilité hérité de notre culture judéo-chretienne, bref qui les conduit à présenter l'homosexualité comme une sexualité débridée alors qu'elle ne l'est pas plus que l'hétérosexualité.
Straight pride : voir hétéro-pride.
Tabou : malgré une forte répression à certaines époques et une faible visibilité, les homosexuels n'ont pourtant jamais disparu. Cela signifie-t-il autre chose que l'homosexualité ne s'attrape pas par contact avec d'autres homosexuels ni par connaissance du sujet ?
Le jour où l'homosexualité sera totalement acceptée sera le jour où les parents ne se feront plus de soucis à propos de l'homosexualité de leur(s) enfant(s).
Vie privée (voir Provocation) : si un hétérosexuel vous présente sa petite amie, il vous présente sa petite amie et vous parle d'amour. Si un homosexuel vous présente son petit ami, il fait de la visibilité gay. Et l'on reproche ensuite aux homosexuels d'étaler leur sexualité.
De même, si deux hétérosexuels se tiennent par la main dans la rue ou s'embrassent en public, ça ne choque personne, alors que deux gays qui font pareils exhibent leur vie privée ; présenter son petit ami est assimilé à du militantisme, tandis que deux hétérosexuels qui se marient révèlent pourtant tout autant leur sexualité – simplement on ne le remarque pas...
Virilité (voir aussi Efféminé et Stérilité) : l'homosexualité est couramment associée à une perte de virilité, comme si l'homosexuel était forcément quelqu'un d'efféminé (c'est le cliché de la " grande folle "). Cela résulte d'une mauvaise compréhension de l'homosexualité qui n'est pas appréhendée pour elle-même mais uniquement par rapport à l'hétérosexualité – conçue comme seul modèle valable d'analyse – dont elle serait le double inversé : l'homosexuel est le contraire de l'hétérosexuel, qui lui est un vrai mec, donc le contraire d'un homme, quelqu'un d'efféminé. A cela s'ajoute son rôle passif supposé : il serait pénétré comme une femme (d'ou la fameuse formule de Le Pen : " Au Front national, il y a peut-être des homosexuels, mais pas des enculés ").
C'est faire preuve là d'une grande méconnaissance du sujet : non seulement, la pénétration – qui n'est pas spécifiquement homosexuelle mais aussi employée par les hétérosexuels – est en fait relativement rare chez les homosexuels qui recourent à d'autres techniques bien connues ; mais, en plus, la virilté ne se réduit pas aux pratiques sexuelles et nombre d'homosexuels ont au contraire le culte de la virilité.
Par ailleurs, comme l’explique Freud, dans ses Trois Essais sur la théorie sexuelle, pourquoi justifier le dégoût que peut susciter la sodomie par la fonction excrémentielle associée à l’anus, alors que le sexe de l’homme, qui sert pourtant à uriner, ne fait pas l’objet d’une telle répulsion ? Comme le dit Baudelaire, dans Mon coeur mis à nu : “ Nous ne pouvons faire l’amour qu’avec des organes excrémentiels ”.