LAPIN ROSE ET LA CAROTTE MAGIQUE.

 

Il était une fois un lapin et une lapine, qui eurent un lapereau. Ils se réjouirent fort de la naissance de leur " lapinot ", comme ils l'appelaient, firent une fête pour fêter cet heureux événement et invitèrent alors tous leurs amis lapins et lapines à venir se réjouir avec eux. Ils invitèrent aussi douze fées pour être les marraines de Lapinot.

La fête fut délicieuse, avec une montagne de carottes de toute sorte, cuites ou crues, d'un bel orange ou d'un beau roux vif, avec plein de feuilles de chou bien croquantes aussi.

Le moment venu, les douze fées se penchèrent sur le berceau de Lapinot et, de leur baguette magique, lui jetèrent un sort favorable : " Tu auras de longues oreilles " dit l'une, " Tu auras un beau pelage doux et soyeux " dit l'autre et ainsi de suite...

Mais, à la onzième fée, survint une autre fée qu'on avait oublié d'inviter et qui était très vexée ; elle se pencha sur le berceau et déclara avec colère : " Tu auras un pelage rose ! ".

L'assemblée fut consternée et horrifiée... Heureusement, la douzième fée n'avait pas encore prononcé son voeu, elle dit alors : " Je ne puis annuler le sort qui vient d'être jeté, mais je peux l'atténuer. Si tu découvres la carotte magique, tes problèmes s'arrangeront ! ".

Lapinot grandit, et, plus il grandissait, plus son pelage devenait rose et lui devenait triste : tous ses petits camarades se moquaient de lui, parce qu'il était différent d'eux...

Et quand il n'était pas rose, c'est qu'il était rouge de honte...

Il n'y avait aucun moyen de le cacher ; même la nuit, cela se voyait encore : il était en effet rose fluo dans le noir ! Impossible de sortir ainsi le soir en boite...

Lapinot n'osait même plus se regarder dans un miroir. Il ne se sentait en fait bien que lorsqu'il était déguisé, que lorsqu'il était autre que lui-même... Il cessait alors d'être pareil à un vilain petit canard.

Mais, le jour, il ne vivait plus : il n'était que tristesse et désolation...

Lui et ses parents consultèrent tous les médecins et spécialistes pour lapins qu'ils connaissaient mais aucun d'eux ne put trouver la maladie dont il souffrait. Et Lapinot était encore plus triste à chaque fois : il avait l'impression que c'était de sa faute s'il était ainsi...

Alors, le jour de son anniversaire, Lapinot prit une grande résolution. Muni d'un baluchon multicolore, il fit le plein de carottes et décida - rempli d'espoir - de partir à la recherche de la Carotte Magique. Il quitta ainsi le clapier familial pour partir à l'aventure.

Il commença par se renseigner sur l'endroit où pouvait se trouver la carotte magique. On lui indiqua d'abord le tabac d'à côté mais ce n'était pas la bonne solution. Finalement, on lui dit que la carotte magique se trouvait au pied des arcs-en-ciel...

Lapinot découvrit vite un bel arc-en-ciel, qui prenait sa source, semblait-il, dans un lointain marais : Lapinot décida donc d'aller patauger dans le Marais.

Mais il fallait traverser des territoires hostiles avant d'y arriver.

Il dut d'abord affronter le renard : il fallait en effet passer par son territoire et, soudain, Lapinot se trouva nez à nez face à lui. Il le vit retrousser ses babines et sentit qu'il allait plonger ses dents dans la tendre chair de son cou. Au dernier moment cependant, le renard hésita : un lapin rose, est-ce vraiment comestible et n'aurait-il pas attrapé un virus bizarre ?

Le renard n'eut jamais l'occasion d'approfondir la question, car c'est à cet instant précis que surgit un chasseur, qui mit en fuite le renard, mais se mit aussi à la poursuite du pauvre lapinot, qui prit alors ses pattes à son cou et parvint à semer son poursuivant : il était en effet devenu champion à la course, à force de se sauver pour éviter les coups que voulaient lui donner ses camarades ; il aperçut enfin un champ de blé, dans lequel il alla se cacher et, vite, il se dépêcha de replier ses grandes oreilles pour qu'elles ne dépassent pas des blés.

Lapinot dut encore affronter plein d'autres aventures, avant d'arriver au Marais.

Mais là, il ne trouva rien : ni carotte magique, ni rien d'autre qu'une flaque boueuse. Il comprit alors que la carotte magique n'avait jamais existé ; c'était en fait une invention pour lui permettre de prendre conscience qu'il valait bien les autres - tel qu'il était : n'avait-il pas passé plein d'épreuves qui montraient sa vaillance, n'avait-il pas affronté avec succès les plus grands dangers et failli cent fois finir en civet ? Il pouvait être fier d'être un lapin rose !

Et puis n'avait-il pas aussi de grandes oreilles que tout le monde lui enviait ?

Lapinot finit donc par s'accepter ainsi, tel qu'il était ; il trouva un autre lapin rose et ils vécurent heureux dans leur terrier enchanté.

 

© L. de Galembert

 

 

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